C’est au détour d’une « promenade virtuelle » que nous sommes tombées un peu par hasard sur le compte Instagram de @hiba_schahbaz. Cette artiste qui vit à New York met en avant les femmes, leur corps, mais prend aussi la « parole » avec des œuvres engagées. Elle a récemment commencé une série de portraits pour soutenir le mouvement Black Lives Matter en rendant hommage aux victimes d’injustices ethniques. Rencontre avec cette artiste :

Peux-tu te présenter ?

« Je m’appelle Hiba Schahbaz et je suis artiste. Je vis à Brooklyn (New York) mais je viens de Karachi au Pakistan. Je suis peintre et je peins principalement des femmes, souvent mises en scène dans la nature ou dans des endroits imaginaires. »

D’où vient ton inspiration ? Pourrais-tu nous citer un artiste qui a influencé ton travail ?

« Je m’inspire des femmes : de leur beauté, leur grâce et leur résistance. Je m’inspire de l’esprit de la nature, je peins souvent des fleurs, des lacs, des montagnes ou des arbres. J’adore peindre les animaux et les oiseaux, mais aussi des endroits inventés de toutes pièces. Une artiste dont je me suis constamment inspirée est Frida Kahlo. Elle était visionnaire, et je me sens profondément connectée à son œuvre, qui est si émotionnelle et significative pour moi. J’aime aussi énormément le travail de Matisse, ses peintures tout particulièrement, qui ont été elles-mêmes influencées par les miniatures Indo-Persanes, ainsi que ses magnifiques collages. »

Comment en es-tu arrivée à ton propre style ?

« Mon style de peinture est né de la miniature Indo-Persane que j’ai étudiée au Pakistan. Cette forme d’art traditionnel est très beau et très stylisé : les personnages et les paysages ne sont pas peints de manière réaliste, les perspectives sont aplaties et les couleurs de ces petites peintures sont exceptionnellement fortes, telles des pierres précieuses. Pendant des années, je ne peignais que des petites toiles. Mais plus récemment, je me suis mise à peindre les femmes à taille humaine. Parfois elles sortent du papier sous la forme de collages en papier. »

Les femmes sont pour toi une inspiration, mais pourrais-tu nous en dire plus à leur propos ?

« J’ai toujours peint des femmes, donc cela me vient très naturellement. J’avais pour habitude de me dessiner dans ma chambre devant le miroir quand j’étais plus petite, et j’ai passé des heures de ma vie à observer des autoportraits de femmes. J’aime aussi créer de beaux jardins et des endroits imaginaires, des espaces apaisants et sûrs pour que les femmes que je peins soient elles-mêmes. Je leur suis d’ailleurs très reconnaissante de leur présence dans ma vie. »

Pourrais-tu décrire ton travail en trois mots ?

« Beau, généreux, fort. »

Si tu pouvais être n’importe où maintenant, où serait-ce ? Quel est l’endroit qui t’inspire le plus ?

« J’adore découvrir de nouveaux endroits. Comme je vis en ville, j’aime beaucoup aller dans la nature quand je voyage, idéalement entourée d’arbres, d’eau, et à ciel ouvert. Être dans un bel environnement m’aide à me reconnecter, à me retrouver avec moi-même et à ne plus penser à mes préoccupations quotidiennes.”

Quelle est ta définition d’une journée parfaite ?

« Pour moi, une journée parfaite est une journée où mon cœur est rempli d’amour. Je me lève et commence ma journée avec un beau lever de soleil et une séance de méditation. Je remercie d’être une artiste car je vis mon rêve tous les jours. Ma journée parfaite serait remplie de peinture, des gens que j’aime, beaucoup de chaleur, des câlins et peut-être aussi un peu d’aventure. »

Quelle est la chose la plus sympa dans le mode de vie d’un(e) artiste ?

« En tant qu’artiste, je sens que chaque jour est une aventure pour créer. J’aime l’ambiance quand je peins, elle me plonge dans un état mental que je ressens comme à la fois naturel et expressif. Je ne sais jamais ce qui va arriver au studio avant que je m’y rende le matin. J’apprécie l’excitation de ne pas savoir à quoi va ressembler une peinture, et chaque jour est un défi. Aussi je suis entourée de personnes qui aiment l’art, des personnes créatives qui fabriquent et écrivent des choses ou qui jouent de la musique. C’est un mode de vie inspirant, un monde plein d’imagination où tout est possible. »

Quel est ton vêtement préféré de Louise Misha ?

« J’adore ma robe avec les fleurs vintage. J’ai hâte de voir la ligne organique et j’aime beaucoup la robe Anjika en crème. Je porte beaucoup de rose et de couleurs neutres, surtout du blanc. »

Quel est le message le plus important que tu voudrais faire passer ?

« Soyez la meilleure personne que vous pouvez être, pour vous-même et pour les gens autour de vous. Trouvez un moyen de donner en retour aux personnes que vous aimez, et à la société. Soyeux heureux, soyez créatif et vivez une vie pleine d’amour et de compassion. »

Quels plat, film, chanson ou livre t’inspirent ?

« J’adore manger, surtout des plats faits maison avec ma famille. Et j’adore les desserts, et le fromage (peut-être trop !). Mes parents m’ont fait voir le film Vacances Romaines quand j’étais petite, et il est devenu l’un de mes films préférés car il est plein de grâce. J’essaie de le regarder tous les ans et j’ai d’ailleurs un faible pour tous les films avec Audrey Hepburn. Je n’ai pas de chanson préférée mais quand je veux écouter quelque chose en particulier, j’écoute Prince. Pendant le confinement, j’écoutais QuestLove sur les lives Instagram parce qu’il joue une très belle musique et parle de l’histoire de chaque chanson. J’apprends beaucoup de lui. C’est difficile de définir un livre préféré. Ma mère était bibliothécaire et a lancé une bibliothèque gratuite à Karachi quand j’étais à l’école. J’ai beaucoup de respect pour certains livres et leurs auteurs. Ces derniers temps je relis un livre que j’adore, My Name is Red (Mon nom est Rouge) écrit par Orhan Pamuk. Je m’y identifie pleinement, car il est question de peinture miniature et ce livre capture vraiment l’essence de ce que signifie être un peintre dans ce milieu. »

Quel est le meilleur conseil que l’on ait pu te donner ?

« Ma belle-mère m’a dit une fois que si quelque chose m’inquiétait, je devais imaginer la pire issue possible, l’accepter et passer à autre chose. Ça marche à chaque fois. » - As-tu des projets pour le futur ? Quel est ton projet rêvé ? « J’ai une exposition qui arrive dans la galerie De Buck cette année. Comme toute l’activité à New York est encore globalement réduite voire fermée pour le moment, ce sera une expo en deux parties : une expo en ligne de mes miniatures peintes durant le confinement en mai et une expo en galerie avec mes nouvelles peintures à l’huile quand le monde de l’art rouvrira. Je suis à la fois nerveuse et excitée de montrer mes peintures parce que j’ai appris à peindre à l’huile moi-même et ce, depuis l’an dernier seulement donc je suis toujours en train d’apprendre. »